22 mai 2020

[Review] Final Fantasy VII Remake, le test PS4 Pro

Le monde est sous le contrôle de la Shinra, une compagnie hégémonique qui produit de l'énergie en exploitant la "mako", l'énergie vitale de la planète. Cependant, à Midgar, la mégalopole où siège la compagnie, des résistants d'un groupe appelé Avalanche se battent pour arrêter la Shinra. Pour les aider dans leur mission, ils ont engagé les services de Cloud Strife, un mercenaire ancien membre des SOLDATs, les troupes d'élite de la Shinra, qui ne se doute pas encore des terribles conséquences de ce combat...

Dans l'histoire du jeu vidéo, certains noms sont devenus des légendes. Parmi elles, la licence Final Fantasy. Et si ce nom est arrivé jusqu'au panthéon du 10e art, c'est assurément grâce à un titre en particulier, symbole de l’avènement du J-RPG en occident, Final Fantasy VII, titre sorti originellement sur la première console Playstation (PS One) en 1997. Depuis lors, et malgré de nombreuses suites et déclinaisons, jamais un autre titre de cette saga n'a su détrôner FF7 dans le coeur des joueurs. Il était donc légitime de la part de toute une communauté de réclamer et d'attendre un remake moderne du titre culte signé par Yoshinori Kitase il y a 23 ans (déjà...). Après des années de doutes et de vagues rumeurs, le moment est enfin arrivé. Une longue attente, couronnée par un pur chef-d’œuvre moderne, respectueux néanmoins de son modèle.

Il me faut cependant nuancer mes propos, puisque Final Fantasy VII Remake n'est en fait que la première partie d'un remake global du jeu initial. En effet, le jeu ici testé ne comprend "que" la partie de l'histoire se déroulant à Midgar. Pas de voyage sur la carte, de traversée de plaines à dos de Chocobo doré ou tout autres activités en dehors de la vaste cité. Ceci étant, ce Remake s'attarde par ailleurs de manière bien plus large sur des éléments à peine notifiés dans le jeu original, afin d'offrir aux joueur à la fois une redécouverte du myth, mais aussi tellement de nouvelles choses. D'ailleurs, le jeu est ici tellement vaste, que deux disques sont nécessaires pour son installation.

La première chose qui saute aux yeux, c'est évidement l'esthétique. Superbes, d'autant plus sur la console PS4 Pro, les graphismes bénéficient d'un soin remarquable, tant sur le plan des décors que celui des personnages et de leurs animations. En rupture nette avec les angles de caméra fixes de la version de 1997, Final Fantasy VII Remake pousse le joueur à lever la tête, à observer tout autour de lui la triste réalité d'une mégalopole industrielle et son lot de dérives. Une cité envoutante, écrasante et menaçante. La technique est surtout là pour servir une forme de narration contemplative qui offrira de nouvelles clés de lecture à ceux qui s'arrêteront en chemin pour mieux observer leur environnement, et ravira simplement les pupilles des autres joueurs. Un terrain de jeu aussi vaste qu’impressionnant, où vos déplacements seront tantot guidés par des couloirs, tantot ouverts sur des espaces vous conviant à une certaine liberté d’exploration sans contrainte.


Square Enix l'avait annoncé, avec ce Remake, les joueurs vont pouvoir explorer les bas-fonds de Midgar sous un regard neuf, et ainsi prendre la mesure du quotidien de ses habitants désœuvrés. L'aventure tient sur ce point toutes ses promesses, puisque Cloud sera dès son échappée du réacteur n°1 confronté à la pauvreté qui touche cette partie de la population, mais aussi aux conséquences directes de ses actes. Si rien n'est plus vraiment binaire, l'attentat à tout de même eu des répercussions aussi négatives qu'immédiates sur les habitants des faubourgs attenants, et c'est parmi les victimes plaintives qu'il faudra se frayer un chemin pour retrouver la quiétude du Septième Ciel.

Les environs du QG d'Avalanche offriront justement une plongée dans ce quotidien morose, où les rues sont parsemées de détritus, et où les animaux errent sans but. Les enfants vagabonds du Secteur 6, la luxure isolée d'un Wall Market aux inspirations japonisantes assumées etc... Autant de quartiers de cette monstrueuse cité qui possèdent une identité marquée et qui donnent l'impression que l'enrichissement de ce drôle d'univers a fait l'objet de toutes les attentions. Une merveille. Square Enix a su judicieusement profiter du fossé technologique qui sépare Final Fantasy VII de ce Remake, en offrant un panorama à la démesure de cette mégalopole aussi bicéphale qu'inégalitaire. Il suffit en effet de lever la tête pour se rendre compte de l'écrasante présence des quartiers supérieurs, et à quel point leur seule présence obscurcit durablement les plus pauvres de ces citoyens.

Outre le soin apporté à la narration (malgré quelques longueurs et redites inutiles), tous les personnages bénéficient globalement d'un vrai travail d'écriture, avec la présence d'un background riche et cohérent. Un travail minutieux afin de réussir à surprendre et réellement créer des enjeux auprès des joueurs les plus inconditionnels, ceux connaissant le Final Fantasy VII original sur le bout des doigts. Remaniements, ajouts, extrapolations.. autant d'artifices utilisés pour venir étoffer et combler les trous, parfois béants, de l'intrigue d'origine, qui ne gênaient pourtant pas grand monde en 1997. La chronologie a ainsi été intelligemment repensée, teasant même furtivement de tragiques événements futurs.


Plus actuelle que jamais, l'idéologie écologique derrière les actions menées par Avalanche prend en 2020 tout son sens, avec l'exploitation de ressources limitées pour le privilège de quelques manias, ou encore l'impuissance du politique face aux industriels et à la mondialisation.

Coté gamplay, il est évident que Final Fantasy VII Remake n'a plus rien à voir avec son illustre ainé (et heureusement serais-je tenté d'ajouter). Fini les combats au tour par tour et place à des combats plus dynamiques et "libres" cette fois. Un modèle clairement influencé par les grands jeux d'action/aventure de ces dernières années (FFVX, entre autres, étant passé par là). Vous y retrouverez également la présence de défis, mini-jeux et quêtes en tous genres bien sûr. Cependant, la sensation de constamment avancer sur un chemin balisé ne nous quitte pas. Nécessaire j'image pour s'assurer de ne perdre aucun joueur en chemin, mais qui bride malgré tout quelque peu l'instinct d'exploration s'éveillant inévitablement en nous, parcourant les quartiers de Midgar.

Les combats de boss seront ici des moments à part, et une fois encore des rencontres épiques. S'il reste possible de bourriner les mobs de base, les combats de boss prennent quant à eux la forme de semi-marathons en plusieurs phases, où l'observation sera plus que jamais la clé de la réussite. Heureusement, Square Enix a eu la bonne idée de proposer une option nous permettant de revenir juste avant l'affrontement, quel qu'il soit, afin de changer de stratégie. Car bien souvent, sans les bonnes matérias préalablement équipées, certains boss vous malmèneront sans ménagement.


Si vos camarades de baston "s'auto-gèrent" durant les combats, l'IA n'étant pas des plus étincelantes, vous aurez rapidement compris que la gestion manuelle de votre équipe vous sera bien plus favorable que de laisser faire le choses... En effet, la jauge d'ATB semble grimper à la vitesse d'un monte-escalier Stana lorsque vous laissez Tifa et les autres en roue libre, alors que leur prise en main donne l'impression de grimper les marches quatre à quatre. Chaque combattant possédant effectivement bien des caractéristiques propres. Les perfectionnistes pourront d'ailleurs s'en donner à cœur joie lors des défis de l'arène Cornéo afin d'approfondir le gameplay, mais aussi en profiter pour débloquer de nouvelles techniques de Transcendance (ex Limites). Sachez aussi qu'un mode "Classique" est ici présent, automatisant l'attaque et vous laissant alors pour seule tâche de gérer les déclenchements de sorts et autres compétences.

La montée en puissance s'effectue également par le biais de votre armement, qui permet de booster certaines statistiques bien plus vite qu'avec les traditionnels points d'expérience. Chaque arme peut elle aussi évoluer et ainsi débloquer de nouvelles améliorations, libérant alors de nouvelles techniques qu'il vous faudra apprendre à maitriser. Le menu gestion des points expérience sera un des éléments cruciaux de votre évolution, car la dépnse de ces derniers ne sera pas à prendre à la légère. C'est via cette évolution que vous pourrez, entre autres, débloquer de nouveaux slots de matérias (présents sur vos armes et autres pièces d'équipements). La gestion des matérias sera également essentielle, car de bonnes combinaisons seront primordiales, pour par exemple doubler certains sorts. Les atérias évoluent elles aussi au grès de votre progression. Plus vous les utiliserez, plus elles évolueront. On espère d'ailleurs que cette progression pourra être conservée pour la(les) suite(s) à venir.


Car après une telle expérience vidéoludique, surtout pour les joueurs les plus anciens bien sûr, ceux ayant connu la "belle époque" et les premières sorties sur PS One, il va sans dire que l'envie de poursuivre est évidement immense. Nous laisser là, quittant Midgar, est un moment des plus frustrants vous vous en doutez. Si à l'heure actuelle Square Enix n'a pas encore communiqué sur d'éventuels délais, espérons que ces derniers ne nous laisseront pas ainsi trop longtemps.

Notre verdict:
L'attente fut interminable mais assurément elle en valait la peine. Si de tous les Final Fantasy il ne devait en rester qu'un, Final Fantasy VII est et restera sans doute encore longtemps le plus inoubliable de tous. Ce remake lui rendant le plus beau des hommages, 23 ans après sa sortie. Tout n'est certes pas ici parfait, car le manque de liberté est parfois frustrant, ou encore le concept du jeu fractionné, et donc l'attente d'une suite... mais objectivement, après y avoir tant rêvé, le résultat est assurément à la hauteur de nos attentes. Je tiens particulièrement à souligner l'excellent travail de mise en scène, habillant chacune des séquences les plus marquantes, teintées de cette constante nostalgie et accompagnées, à tous les instants,  par une BO à nouveau mémorable. Et soulignons aussi l'excellent travail de doublage, proposant une VF sans fausse note, faisant de ce FF7 Remake le second Final Fantasy arborant un doublage FR (avec Final Fantasy XV). Espérons maintenant que la suite ne tardera pas à arriver... car l'attente risque bien d'être insoutenable!
9.5/10

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